Homélies-Covid-19

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MESSAGES (HOMELIE) DU P. XAVIER PENDANT LE CONFINEMENT COVID-19

En l’an de grâce 2020, le 17 Mai.

Chers Paroissiens,

            Un journaliste écrivait récemment, « nous étions heureux et nous ne le savions pas ». Il devait certainement parler au nom des païens, car le chrétien est appelé à mesurer chaque jour la grâce qui lui est faite de vivre, de faire le bien, et d’espérer en la Vie Eternelle pour tous. Saint Paul va jusqu’à nous exhorter, ce qui vaut un commandement, « Vivez dans l’action de grâces! ». Nous avons dans la Foi, toutes les raisons d’être heureux.

                        Une des raisons fondamentales pour lesquelles le bonheur est possible, c’est qu’il ne dépend pas de nous. Il est donné dans l’Esprit-Saint, donné par Jésus jusqu’à la fin des temps. Regardons comment.

            Jésus met un terme à l’attente du peuple Juif. Où est Dieu ? Où se trouve sa Présence ? Où puis-je Le trouver lorsque j’ai besoin ou lorsque je suis dans la joie ? J’aimerais vous répondre, dans la paroisse. Mais j’irais trop vite… Car ce qui me permet de l’affirmer puise dans les racines antiques de notre humanité. En effet, comme un pressentiment, nous percevons que Dieu est Dieu, plus que nous. Et pour accéder à sa Présence, comme dit le prophète Ezéchiel, il nous faut changer: «j’enlèverai de votre corps le coeur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair. Je mettrai en vous mon propre Esprit, je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes » (Ez 36,26). Mais avant de toucher notre cœur, Dieu a touché notre sensibilité. Sa Présence s’est approchée par l’entremise d’hommes embrasés du zèle de Dieu. Moïse qui installe la Tente de la Rencontre pendant l’Exode… Puis, David et Salomon, qui bâtissent le Temple de Jérusalem. Puis Josias, qui rassembla tous les temples en un seul, à Jérusalem. « Ma demeure sera auprès d’eux ; je serai leur Dieu et eux seront mon peuple » (Ez 37,2-27), ou encore Zacharie : « Crie de joie, réjouis-toi, fille de Sion, car me voici, je viens demeurer au milieu de toi » (Za 2,14).

            Avez-vous perçu, combien cette annonce de la Présence de Dieu au milieu de son peuple semble annoncer une présence humaine ? Vous devinerez ainsi, ce que les Apôtres ont ressenti lorsqu’ils ont entendu Jésus dire ; « l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. » Jésus révèle l’accomplissement des prophéties ; « Je répandrai mon Esprit sur toute chair.» (Jl 3,1). Les Apôtres perçoivent en cette veille de l’offrande du Christ sur la croix, dans ce long discours qui ressemble à un testament, le jeudi soir au cours de la Cène, que le jour de l’Alliance unique et définitive est en train d’arriver ! Que Dieu est au milieu d’eux, et qu’Il va leur prodiguer son Esprit-Saint. « En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. » « Celui qui m’aime sera aimé de mon Père. »

            Jésus ne nous laisse pas orphelins, Il reste au milieu de nous par la participation effective à son Esprit. Et les fruits de cette présence dans nos âmes, c’est que nous faisons ce qu’Il est, que nous accomplissons les commandements. Quand nous accomplissons les commandements, nous apprenons à vivre selon l’Esprit-Saint. Lorsque nous apprenons à vivre selon l’Esprit-Saint, nous réalisons les commandements. Et c’est ainsi que j’arrive à la paroisse, comme lieu de la manifestation des fruits de l’Esprit-Saint. Chacun librement, ayant reçu une part du don de Dieu, peut trouver à les mettre au service des autres, dans une même communion d’amour. Le monde ne peut pas vivre cette communion d’amour, car il ne connaît pas Dieu. Il se débrouille à coups de lois, de gendarmes, de peur et de corruption, soutirant à la peur ambiante quelques moments de plaisir et de réjouissance. Mais dans la paroisse, nous cherchons à vivre selon l’Esprit-Saint à travers les groupes de prière, les échanges intellectuels, le soutien personnel, la caisse commune, le repas partagé… Nous découvrons une autre façon de vivre qui constitue le mystère de l’Eglise. Rendus sensibles par l’Esprit-Saint à la vérité des êtres et des personnes, nous cherchons à vivre ces relations dans la confiance, la loyauté, et la sincérité ; avec comme règle de prudence, la charité mutuelle. Vous pourriez croire que mon regard sur la paroisse est très optimiste. Je vous rassure, il est réaliste parce-que je vois l’action de l’Esprit-Saint à l’œuvre dans nos vies. Combien de fois j’ai rendu grâces en votre nom, pour le bien dont vous me rendez témoin et qui est l’expression de l’action de Dieu dans vos âmes ! Dieu soit béni pour le bien que vous accomplissez lorsque vous cherchez à vivre les commandements du Christ ! Et Dieu soit doublement béni lorsqu’ayant manqué d’obéissance envers Dieu, vous revenez vers Lui de tout votre cœur par une sainte confession !

            Lorsque nous nous retrouverons pour la Pentecôte, après ces 3 mois de privation de liberté, ressaisissons la grâce qui nous est faite de vivre de l’Esprit-Saint en annonçant et préfigurant le Royaume à venir. Que Notre Dame du Cenâcle guide et accompagne notre prière.                                                                                                                                                                    P. Xavier +

9 Mai de l’an de grâce 2020

           Chers Paroissiens,

                       « Lève-toi, paresseux ; le Chemin en personne vient vers toi, et il t’a éveillé de ton sommeil, si du moins il t’a éveillé : Lève-toi et marche ! » nous dit Saint Augustin dans un commentaire de cet Evangile. Lève-toi, le temps est venu d’affronter ton existence sans la protection des règles ; de choisir et d’exercer ta liberté pendant quelque temps contrainte, encore (!) pour quelque temps contrainte ; mais de l’exercer progressivement de mieux en mieux au milieu des défis que l’homme connaît depuis les origines. Tel un enfant qui exerce ses capacités pour grandir, ainsi les Français qui vont vivre le déconfinement. Le chrétien, lui, reçoit cette assurance de Jésus ; « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » : parole-guide pour toute la vie.

            Certains cherchent la Vérité pour elle-même. Lucides et courageux, ils sont souvent tristes et livresques. D’autres cherchent la Vie, en son exercice intense. Souvent ils « profitent » de tout, au détriment du petit reste. Le sentiment de vivre se perd dans des émotions intenses ; dans « ces milieux » on se demande si la maladie est encore vie, et si la vieillesse n’est pas déjà la mort. Dans ces « milieux », l’enfant est un « problème non-maîtrisable ». Jésus n’a pas dit « je suis la vérité et la vie » seulement. Il n’a pas réservé le sens de l’existence aux jeunes et puissants « loups » présents dans notre humanité.

            D’abord, Il a dit, je suis le Chemin. C’est dire, qu’en Lui, nous accédons à la Vérité et à la Vie. Pour prendre une image qui illustre cette réalité, Jésus est comme une dépanneuse de notre humanité, tombée en panne à cause du péché. L’humanité touchée par le péché se retrouve au bord de la route et la dépanneuse la rejoint, se fait chemin, pour lui présenter le plateau. C’est ainsi que sur le plateau de la remorqueuse, le véhicule peut continuer son chemin vers la vérité et la vie. Le chrétien ne détient pas la vérité. Il avance avec elle, car c’est Jésus le Chemin qui permet de vivre en vérité et dans la vérité. C’est en Jésus-Christ que nous découvrons le sens véritable de toute vie humaine. C’est parce qu’Il meurt « pour nous » que nous savons la valeur de tout être humain : une valeur divine, donc infinie ! Saint Augustin nous aide à voir plus loin ; « Si tu aimes, tu dois suivre. « J’aime, dis-tu, mais par où dois-je suivre ? » Suppose que le Seigneur ton Dieu ait dit : « Moi, je suis la vérité et la vie. » Parce que tu désires la vérité, parce que tu convoites la vie, tu chercherais le chemin pour y parvenir, et tu te dirais : « C’est une belle chose que la vérité, une grande chose que la vie, si je savais comment y parvenir ! » Tu cherches par où? Tu l’as entendu qui disait en premier lieu : Moi, je suis le Chemin. Avant de te dire « pour où », il a commencé par te dire « par où ». Moi, je suis le Chemin. Le Chemin pour où ? — La Vérité et la Vie. Il t’a dit d’abord par où aller, il t’a dit ensuite où aller. Moi, je suis le Chemin, moi, je suis la Vérité, moi, je suis la Vie. Lui qui demeure auprès du Père, il est la Vérité et la Vie ; en revêtant notre chair, il est devenu le Chemin. On ne te dit pas : « Donne-toi du mal, cherche le chemin pour parvenir à la vérité et à la vie. » On ne te dit pas cela. Lève-toi, paresseux ; le Chemin en personne vient vers toi, et il t’a éveillé de ton sommeil, si du moins il t’a éveillé : Lève-toi et marche ! ». La recherche de la vérité se fait dans le Christ, comme la voiture dépannée est sur le plateau de la dépanneuse. Pas besoin de se donner du mal pour aller chercher la vérité et la vie ! Elle vient à toi en Jésus, annoncée, vécue, proclamée par l’Eglise, son Corps continué. Et comme pour les disciples d’Emmaüs, c’est en cheminant avec le Christ, que le Chemin de la Vie se fait en vérité, car c’est en Jésus-Christ que la Vérité s’incarne, prend forme, mouvement et parole. Un Homme parle aux hommes et en Lui, tous les hommes peuvent parler à Dieu. « Moi, je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. »

            Déjà dans le buisson ardent, Moïse entendait Dieu lui dire « Je suis, celui qui suis ». La source de l’être se manifestait ! Celui qui est l’existence de tout, adressait sa Parole à un homme, « très humble, le plus humble que la terre ai porté » (Nb 12, 3). Celui qui est le Chemin de l’Univers créait un Chemin sur notre terre afin que nous Le rejoignions dans la Foi. La connaissance de Dieu par la Foi dit Saint Paul, est « partielle. Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir ; alors, nous verrons face à face. » Et saint Jean ajoute: « Bien-aimés, dès maintenant nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons, lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. » Et tel qu’il est, nous connaîtrons Dieu, puisque, « personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » « Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. »

            Ce sont ses œuvres que l’Eglise accomplit, que l’Esprit-Saint nous urge d’accomplir ! L’occasion nous est enfin donnée, alors bonne rentrée scolaire et professionnelle pour faire l’œuvre de Dieu! En attendant la rentrée dominicale… pour la Pentecôte !             

            Avec l’assurance de ma prière pour vous, en Christ,                                                                                                                                                                                       P. Xavier +

En l’an de grâce 2020, le 3 Mai.

Chers Paroissiens,

            Comme vous, les décisions qui ont qualifié la liberté religieuse comme une liberté de réunion parmi d’autres en début de confinement, m’ont choqué. Comme si nous venions à l’église comme on va au café ! La décision de cette semaine qui a rendu la liberté de réunion pour faire un apéro à partir du 11 mai, mais impossible pour célébrer Dieu ; m’a révélé encore davantage combien les besoins spirituels de l’homme ne sont plus considérés dans mon pays. Que les évêques aient travaillé avec des médecins, ingénieurs ou militaires pour présenter un plan de déconfinement pour les activités spécifiques à l’Eglise ; qu’ils l’aient présenté au gouvernement et que celui-ci n’ai consenti que trois phrases pour refuser son application ; m’a humilié et rempli du sentiment de colère propre au fait d’être témoin d’une injustice.

            Si je ne vous disais pas tout cela, en pointant ces décalages successifs que notre société connaît au nom du relativisme, je ne serais pas digne de l’Evangile que nous entendons aujourd’hui. Le bon berger ne fuit pas le combat et, à défaut d’affronter les loups qui s’attaquent aux brebis, il pointe les idées et comportements de notre société qui nous éloignent de la Foi et des commandements de Dieu. Cela pour que chacun d’entre nous garde une conscience vivante des enjeux du combat de la Foi dans lequel chacun d’entre nous avance à son rythme et selon les lumières que l’Esprit-Saint lui donne.          

N’oublions pas que le Berger du troupeau chrétien est le Christ, et le clergé catholique le suit en actualisant ses enseignements sous l’inspiration de l’Esprit-Saint. Pour la circonstance, si je n’avais été que Français, il me semble que j’aurais prêché le vent de la révolte et de la résistance à cette oppression ; nul César ne peut s’immiscer dans la relation à Dieu d’un croyant. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Mais mon tempérament Français s’est laissé inspirer par la Foi ; « Heureux serez-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande au ciel. En effet, c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. » Mt 5, 16. Nous sommes disciples du Christ qui fut condamné et pas écouté, par Hérode et Pilate. Et cela est le chemin habituel du chrétien, permettant de découvrir avec plus d’acuité et de pureté, (avec humilité par conséquent !), l’action de la grâce en nous. La grâce se révèle dans la force du désir et l’acuité du besoin de Dieu que nous ressentons par l’interdiction qui nous est faite, alors que les autres activités recommencent. Ainsi, j’ose croire que notre désir accru par le manque, trouvera une expression plus simple, plus profonde et plus fervente lors de nos prochaines eucharisties.

            Nous aurons plus à cœur de bien communier. Bien communier ne consistera pas seulement à garder la distance de 2 m d’avec le chrétien qui me précède vers la communion. Mais plutôt, d’avoir un cœur contrit et purifié de tout péché par le sacrement de réconciliation. Ce sacrement qu’il est toujours possible de recevoir mais que peu d’entre nous vivons en profondeur et vérité révèle un autre enjeu de notre temps. Il est devenu difficile en effet, de reconnaître son péché. Or, sans reconnaissance de péché personnel, il n’y a pas non plus de reconnaissance de sa responsabilité. Si nous ne sommes pas responsables du bien et du mal de nos actes; à quoi sert notre liberté ? Tout se vaudrait, et la sainteté du Christ n’inspirerait pas notre changement de conduite vers le bien. Se confesser est une affirmation implicite de sa liberté, de sa responsabilité dans les actes bons ou mauvais dont nous sommes capables. Nul besoin d’attendre que nos passions nous aient amené à commettre l’irréparable ! Confesser ses « peccadilles », c’est vivre le pardon le plus commun de notre vie humaine mais avec Dieu. Ce pardon « quotidien » qui adoucit les relations avec ceux que nous aimons et les renouvelle, tant il est vrai que même si nous les aimons, nous ne sommes pas toujours aimables…

            Mais n’oublions pas d’autres sujets importants! Nous commençons le mois de Marie ! Or, au milieu du Cenâcle, avec les Apôtres, elle a préparé le Don de l’Esprit-Saint et sa bonne réception. N’hésitons pas à prier le chapelet ! Cette méditation qui progresse sous l’accord monotone des Je-Vous-Salue-Marie comme autant de « je-t’aime » simples et confiants, fait entrer dans l’intimité de Jésus. Saint Jean Paul II le disait sans cesse et la plupart avons été témoins de l’élan de Foi qui l’animait.

            Puissions-nous nous retrouver le plus rapidement possible, pour recevoir le Corps du Christ sans lequel notre Foi est incomplète.

                                   Avec l’assurance de ma prière,

                                                                                  P. Xavier+

Le 26 Avril, en l’an de grâce 2020

Chers Paroissiens,

            Les disciples d’Emmaüs sont une belle métaphore de la vie sur terre. A un moment donné de l’existence, nous nous détournons comme eux de Jérusalem, la Ville de la Paix. Effectivement, nous nous disons, la Paix n’est pas sur cette terre. Après une déception plus importante que d’habitude, (un échec professionnel, un examen raté, une rebuffade de la personne à qui nous avions exprimé notre affection, ou plus tragiquement, le décès d’une personne proche), il nous arrive même d’enterrer dans notre esprit l’espoir de retrouver la paix et même de la connaître. C’est ce que font les disciples de Jésus ; ils s’éloignent de Jérusalem pour marcher vers Emmaüs. Ces deux-là, tournent le dos à la paix. Certains, les plus nombreux, enferment leur esprit dans un sain « réalisme » qu’ils disent. Mot lucide qui cache beaucoup de désespoir, et laisse en suspens dans l’esprit humain, le cynisme plein d’humour. Comme les disciples de Jésus déçus de sa mort à Jérusalem s’éloignaient comme s’ils ne croyaient plus au retour de la paix pour leur peuple. La paix a déserté nos cœurs et tout est peur, anxiété, souffrance, combat et lutte pour la survie.

            Un étranger arrive et s’enquiert de notre état d’esprit. Encore un idéaliste, pensez-vous ! Il n’est pas au courant que la vie est dure, menteuse, difficile ; la souffrance nous guette au coin de la rue ! Quelle surprise de l’entendre réagir avec force et autorité ! « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.» Il est bon qu’un jour dans l’existence nous découvrions avec lucidité que la souffrance existe, que la mort est inévitable. « Poussière tu es et poussière tu deviendras » dit une invocation du mercredi des cendres. Mais le sain réalisme ne conduit pas forcément au cynisme, à la révolte, au désespoir de l’absurde. Le réalisme chrétien conduit à la confiance de la Foi, de l’Espérance et de la Charité. Comment le savons-nous ? Par Jésus qui interpréta ces 1000 ans de Révélation au Peuple Hébreu en montrant qu’il fallait que le Christ souffrît pour entrer dans la Gloire dans laquelle Il veut nous faire entrer. Certains auraient voulu être à cette séance de catéchèse si particulière que Jésus Ressuscité fit personnellement à ses deux disciples. Mais ils le peuvent ! Car l’Eglise nous fait entrer dans cette catéchèse à travers la liturgie de Carême, où nous parcourons ce que Moïse et tous les prophètes annonçaient du Messie. Au bout du Chemin, alors que le soir baissait, c’est à la Fraction du Pain que les deux disciples, déjà subjugués par cet étranger, sont devenus proches de Jésus. Comme dit Saint Pierre, il y a un moment où « pendant le temps où vous résidez ici-bas en étrangers », il nous est donné de connaître un « étranger » qui met des paroles de feu en notre cœur parce qu’elles ont le sens du Vrai. Et puis, un autre moment, où il nous est donné de reconnaître le Christ à la Fraction du Pain. Vous savez certainement que c’était ainsi que les 1ers chrétiens appelaient l’eucharistie ; la Fraction du Pain. Ainsi, il nous est donné à travers l’écoute de la Parole de Dieu, de comprendre le sens de l’histoire qui s’accomplit dans la Résurrection de Jésus. Et c’est dans l’eucharistie, la fraction du Pain, qu’il nous est possible de reconnaître le Christ glorifié auprès de Dieu comme les disciples d’Emmaüs. C’est ainsi que nous devenons ses compagnons.
            Avez-vous perçu le premier mouvement que ces deux disciples vécurent après cette rencontre avec le Christ Ressuscité ? Ils repartent à Jérusalem, la Ville de la Paix. Ils croient que la paix est possible et rejoignent les frères et sœurs pour la vivre ! Ainsi, sommes-nous appelés pour suivre le Christ à nous rassembler afin de Le reconnaître à la fraction du Pain et être artisans de Paix en ce monde. Il est tellement beau de percevoir que notre passage sur terre n’est qu’une préparation à la Jérusalem Céleste, à la Paix qui ne passe pas ! Et cette Foi conduit ainsi à relativiser les angoisses, craintes et peurs que la vie sur terre nous réserve. Le réalisme chrétien ne donne pas à la peur le dernier mot ; c’est la charité qui a le dernier mot dans la réalité à laquelle nous introduit Jésus. La charité, c’est l’amour humain ressaisi par l’Amour divin. Permettez-moi une métaphore culinaire de cette réalité inaugurée par la Foi en Christ. Une pomme de terre crue est immangeable. Une pomme de terre ressaisie dans l’huile de friture, est excellente ! Ainsi, nos vies dans la vie du Christ. Il faut se laisser « ébouillanter » par l’amour de Dieu pour produire une humanité excellente. 

            Bientôt nous pourrons de nouveau nous rassembler à l’église pour rencontrer le Prince de la Paix, notre Seigneur Jésus-Christ, que nous reconnaîtrons à la fraction du pain. Ce jeûne imposé par l’épidémie aura permis à beaucoup de chrétiens de redécouvrir le trésor de cette rencontre hebdomadaire avec le Seigneur par le manque qu’il aura créé. Ce deviendra une étape singulière et importante de notre Chemin de Foi, car nous sommes étrangers à cette terre et en Chemin vers la Jérusalem Céleste. Que la Vierge Marie et Saint Joseph artisan, nous aident à croire et marcher vers la Paix !

                                                                                                          P. Xavier +

Dimanche de la Miséricorde 2020

Chers Paroissiens,

Qui l’eut cru ? Cela fait un mois que nous sommes confinés et donc 5 dimanches que nous ne pouvons louer Dieu dans notre église. Pourtant, les actes des apôtres nous disent aujourd’hui que cette retrouvaille dominicale était un des éléments reconnaissables du Christianisme des origines. « Les frères étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. » Ajoutez à cela le partage des biens et la louange de Dieu. Saint Luc qui nous raconte ces premières instantanés de l’Eglise, laisse ainsi entendre qu’une autre vie est possible… Quelle vie en effet est la bonne ?

Nos photos de famille rendent compte de moments particulièrement heureux, drôles, festifs ; il est rare de mettre dans nos albums les photos des punitions, accidents, ou disputes familiales ! Mais les Actes des Apôtres les énoncent néanmoins avec des sujets problématiques concernant le pouvoir et l’argent déjà. La vie de l’Eglise ressemble à la vie de nos familles, avec néanmoins une différence ; une autre vie est possible. La résurrection du Christ que la liturgie de l’Eglise célèbre pendant toute une semaine, annonce une autre vie possible.

Les rencontres du Christ ressuscité bouleversent la vie des témoins apostoliques. La mort de Jésus n’est pas la fin. La mort du Christ n’est pas la fin des temps messianiques. Les promesses de liberté et de justice sont maintenues. Mieux, elles sont inaugurées par la Résurrection ! Désormais l’aiguillon de la peur de la mort est émoussé ; ce que nous faisons pour sauvegarder notre vie de la mort, de la souffrance, de la maladie, se trouve relativisé absolument. La fin d’une vie n’est pas un caveau noir vers lequel, avec une angoisse plus ou moins contenue, chacun s’avance. Certains dans l’Antiquité croyaient pouvoir y survivre en laissant un nom auréolé de gloire que l’histoire maintiendrait dans les siècles. Pauvre existence qui se fie de la mémoire des hommes et des aléas de l’histoire écrite par les vainqueurs ! Il existe même un Empereur (devinez son nom !) dont toute mémoire fut annulée. Tous les documents qui par lui avaient été signés, toutes les sculptures et effigies réalisées, furent burinées jusqu’à ce que toute trace de son nom disparaisse. A défaut du corps déjà mort, les païens croyaient pouvoir tuer une deuxième fois le défunt en le privant d’une renommée après la mort ; pauvre existence que celle de la mémoire des hommes ! Quelle justice espérer alors pour les esclaves et tous les « anonymes », comme disent si clairement nos journalistes, après la mort ? La Résurrection du Christ ouvre une nouvelle étape de la vie des hommes, la plus longue ; celle qui est éternelle.

Dans celle-çi, les paradoxes de notre histoire sont atténués ; mieux, ils disparaissent ! Les « anonymes » n’existent plus ; chacun est accueilli et reçu pour ce qu’il est dans l’ordre de l’Amour, de la Charité divine qu’il aura accepté de vivre. « Qu’ils le disent, ceux qui craignent le SEIGNEUR : Éternel est son Amour ! (…) Clameurs de joie et de victoire sous les tentes des justes. » Ainsi, ce qui parfois a été semé dans les larmes sur cette terre, sera moissonné dans la joie au Ciel. Les obstinés de la justice que la violence humaine a fait disparaître dans un caniveau de l’histoire, retrouveront leur honneur brisé devant les hommes, mais purifié aux yeux du Père. Et c’est la figure de Saint Maximilien Kolbe qui surgit ainsi d’une fosse commune où devait disparaître sa vie, son nom et le matricule (n°16670) auquel les nazis avaient voulu le réduire. En prenant la place d’un père de famille nombreuse, pour satisfaire le besoin de répression que les gardiens du camp avaient décidé suite à une évasion, Frère Maximilien Marie ne faisait qu’appliquer la maxime du Christ ; « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Le dernier est devenu le premier dans le Royaume. Et ainsi, comme dit Saint Pierre dans l’hymne baptismal que nous entendons aujourd’hui; «  Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. Cet héritage vous est réservé dans les cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi, pour un salut prêt à se révéler dans les derniers temps. Aussi vous exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la valeur de votre foi qui a bien plus de prix que l’or – cet or voué à disparaître et pourtant vérifié par le feu –, afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ. Lui, vous l’aimez sans l’avoir vu; en lui, sans le voir encore, vous mettez votre foi, vous exultez d’une joie inexprimable et remplie de gloire, car vous allez obtenir le salut des âmes qui est l’aboutissement de votre foi. » Ainsi, la seule chose qui dure est l’âme humaine ; prenons-en soin !

P. Xavier +

Curé de Miramas et Entressen

Jour de Pâques 2020

Chers Paroissiens,

         Allelluia! Jésus le Christ est ressuscité! Et la lumière du matin glorieux inonde le jardin blessé de la Création d’une couleur dorée qui rejoint toute l’humanité jusqu’à la fin des temps !

         Pourtant cet Evènement unique dans l’Histoire qui influence notre façon de vivre et de penser, ainsi que de nous comporter, ne semble pas nous être parvenu aujourd’hui. L’impossibilité de célébrer un culte public à Dieu et entre nous, à cause d’un virus imparable, nous laisse sur la faim. C’est par les sens que nous apprenons à vivre et à nous comporter. Or, nos sens ont été privés de ces célébrations grandioses qui nous rassemblent chaque année pendant la Semaine Sainte. 2020 est devenu une date historique… Il est arrivé que nos ancêtres soient confrontés à une des manifestations du mal, comme la persécution religieuse. Mais les prêtres se cachaient et célébraient dans les familles catholiques qui leur donnaient abri. Jean-Marie Vianney, le futur curé d’Ars, fit ainsi sa 1ere communion des mains d’un prêtre réfractaire à la Constitution Civile du clergé dans laquelle certains esprits ratiocinants avaient voulu enfermer le grand Mystère du sacerdoce catholique. Mais aujourd’hui, un virus prend par surprise notre société en pleine marche triomphale du capitalisme sauvage, de l’hédonisme ambiant, et du mondialisme virtuel. Comment comprendre cette situation ? Pourquoi notre Seigneur Dieu n’a pas voulu nous voir célébrer son Fils et sa Résurrection ? La pandémie est mondiale, donc les éléments de lecture de l’évènement qui se limiteraient à l’histoire de France seraient partiels. Pourtant l’incendie de Notre Dame il y a un an, jour pour jour, a eu aussi un retentissement mondial et il entre dans les signes Providentiels que nous pouvons considérer.

         Certains pensent aux raisons socio-économiques que cette crise sanitaire révèle ; la lutte pour les masques, les disputes entre laboratoires autour des tests, les compromis politiques et financiers pour faire avancer le « système » dans lequel nous vivons… la crise écologique dont le Covid 19 est un épiphénomène certain, l’accès aux ressources qui s’avèrent limitées (pharmacie), la machine financière qui fait des hoquets, l’égoïsme et l’individualisme des pays, la recherche outrancière du profit, et le consumérisme tout aussi outrancier qui lui est lié, l’avidité du gain et l’abandon des miséreux, les pots-de-vins, les injustices prononcées légalement, les guerres… L’addition des crimes qui crient justice au Ciel est immense. Est-ce que Dieu ne se détournerait pas de nos louanges liturgiques ? (Isaïe 1:11-17) « Qu’ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices? dit le Seigneur. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux; Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs… » Et le prophète Osée (6, 6) ajoute « Car j’aime la piété et non les sacrifices, Et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes. »

         Est-ce que nous sommes en train d’assister à la réalisation de cette vision du prêtre-prophète Ezechiel en septembre 592 avant Jésus-Christ ? Il voit autour du Temple de Jérusalem, les anciens d’Israël se détourner du culte dans le Temple et adorer des idoles (Ez 8, 3-16). Et face à ses pratiques idolâtriques, la présence de Dieu quitte le Temple ainsi profané (Ez 9,3 ; 10,4.18-19), puis la ville de Jérusalem tout entière (Ez 11,22-23). Aujourd’hui, Jour de Pâques dans le monde catholique, il n’y a pas de culte public de Dieu, ni à Paris, ni à Rome, ni à Jérusalem. N’est-ce pas sidérant ? Bien sûr, des communautés chrétiennes, des prêtres et des évêques célèbrent le Dieu Vivant dans certains temples fermés, et les moyens virtuels nous y font participer un peu. Bien sûr, notre esprit et notre ardeur suppléent aux difficultés du temps, et dans le silence orant, nous nous unissons par la prière au Dieu Vivant. Mais n’est-il pas vrai que le culte au Dieu Vivant s’est parfois perdu dans des pratiques idolâtriques ?    Quelles pratiques du culte nous détournent du Dieu Vivant ? La responsabilité des « anciens » (presbyteroi qui a donné prêtres) est première, il me semble. L’enseignement fallacieux des « anciens » n’aide pas à trouver Dieu. Combien de prophètes improvisés ont scandalisé le Peuple de Dieu ? Combien de prêtres ou évêques n’ont pas osé dire la vérité, toute la Vérité, pour rester proches par le sentiment de leurs coreligionnaires ? Ce que nous voyions chez les politiques séducteurs, existe aussi chez les évêques, ou curés, trop conciliants… Mais dans la pratique qui nous concerne tous ; est-ce que nos liturgies conduisent au Dieu Vivant ? Combien de fois n’avons-nous pas manqué aux fêtes d’obligation par paresse ou intérêt différent ? Combien de fois avons-nous participé aux Sacrements sans avoir purifié nos cœurs ? Combien se confessent au moins une fois par an ? Combien de personnes se sont mariés sans s’être confessés avant ? Comment se fait-il que nos grands-parents considéraient le fait d’avoir des relations conjugales avant le mariage comme un péché, et que ce soit devenu la norme acceptée socialement en France aujourd’hui ? Est-ce que nos musiques profanes dans les églises, y compris lors des obsèques ou mariages, rendent justice à Dieu ? N’y a-t-il pas de l’autocélébration ?

         Après avoir apporté le fer rouge cautérisant, le prophète Ezechiel évoque aussi le retour de la gloire de Dieu dans le Temple, et celui du culte avec tout le peuple de Dieu (Ez 43,1-12). A Chaque vigile pascale, nous lisons ce passage qui évoque le renouveau attendu par la conversion ; « J’ai voulu sauver l’honneur de mon saint nom, que profanait la maison d’Israël parmi les nations où elle est allée. C’est pourquoi (…): Ainsi parle le Seigneur Dieu : Ce n’est pas à cause de vous que j’agis de la sorte, maison d’Israël ; c’est à cause de mon saint nom, que vous avez profané parmi les nations où vous êtes allés. Je sanctifierai mon grand nom, (…). Et les nations sauront que je suis le Seigneur, (…) quand je serai sanctifié par vous sous leurs yeux. Je vous prendrai d’entre les nations, je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous ramènerai dans votre pays. Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois » (Ez 36,21-27).

         Le Carême nous a déjà donné l’occasion de le méditer avec l’aveugle-né (Jn 9, 1-41) ; l’épreuve, que Dieu permet, est un appel à la conversion. Et quelle épreuve que celle de l’Innocent confronté à la malveillance humaine et angélique ! La Passion et la Mort du Christ nous mettent face à l’Epreuve absolue ! Vous et moi, ne sommes pas innocents ; sinon coupables, souvent complices par omission. Mais Jésus ? Il est passé sur terre en ne faisant que le bien (Ac 10, 38/ Mt 4, 23). Et quel Bien cette épreuve apporte puisque Dieu ne peut permettre de mal sans qu’un Bien supérieur ne soit accordé selon Saint Augustin ? En buvant au calice amer de la souffrance humaine, Jésus apporte quelque chose de nouveau à notre humanité. Ce que nous fuyons comme un poison dans la souffrance, Jésus l’accepte comme volonté divine. Pour quoi ? Quelle est la preuve la plus sûre qu’une boisson offerte n’est pas empoisonnée ? Que celui qui vous l’offre en boit également. Dieu a fait cela, il a bu à la souffrance humaine jusqu’à la lie. Et ce faisant, Il montre que dans le calice de la souffrance il y a une perle. La douleur n’est donc pas seulement un châtiment. Saint Jean Paul II écrit dans l’encyclique Salvifici Doloris (n°23), juste après avoir subi l’attentat de 1981 ; « Souffrir signifie se rendre particulièrement réceptif, spécialement ouverts à l’action des forces salvifiques que Dieu offre à notre humanité en Christ » : comme chaque Sacrement de l’Eglise ! Ainsi le Pape pouvait dire que grâce à la Croix du Christ, la souffrance était devenue comme un « sacrement universel de Salut » pour le genre humain. L’épreuve de la souffrance que beaucoup connaissent aujourd’hui, les rapproche chacun d’une façon mystérieuse du Christ dans sa Passion, et par là, les rapproche de Dieu. Les souffrances du temps présent peuvent être l’occasion de nous rapprocher de Dieu.

         Certains commencent déjà à parler en disant que ce sera la « der des der » (allusion à l’expression des anciens combattants de la 1ere guerre mondiale qui disaient que ce serait « la dernière des dernières » des guerres), que « plus jamais ce ne sera comme avant »… Mais comme dit Mgr. Rougé, nous avons clairement succombé au double syndrome de la tour de Babel et du colosse aux pieds d’argile (cf. la Bible) en niant notre part de fragilité. Le Christ l’assume dans sa Passion et sa Mort, en ouvrant une perspective d’Au-delà par la Résurrection. Il y a une voie meilleure qui peut s’ouvrir par notre conversion. Une voie où nous puisons dans la prière les inspirations sages pour la conduite de notre vie et de notre société. Beaucoup en témoignent ces temps-çi ; l’arrêt de la course à l’activité a obligé certains à retrouver le sens du recueillement et de la prière. Est-ce que nous réussirons à maintenir ce besoin vital de l’âme qu’est la prière quotidienne ? Ou plus largement, qu’est-ce que nous avons appris à l’égard de la place des anciens dans notre famille ? Qu’avons-nous vécu dans la transmission que l’école à la maison oblige à vivre ? En quoi cela nous permet de valoriser le rôle des instituteurs et professeurs dans notre société ? Qu’avons-nous découvert du personnel soignant ? De la personne qui tient propre l’hôpital ou la maison de retraite, au chercheur de laboratoire confronté à des questions ardues ? Est-ce que le système de santé peut être bénéficiaire de plus d’apport économique ? Ou préférons-nous une armée performante ? Est-ce que notre système éducatif peut être amélioré ? Est-ce que notre rapport à la création, aux lois de la nature est celui d’un prédateur ou celui d’un bon gestionnaire ? Est-ce que notre système politique soutient plutôt la créativité ou l’administration ? Est-ce que le peuple souverain s’exprime avec vertu, en respectant les corps intermédiaires (syndicats, responsables économiques, etc…) et les autorités légitimes (mairie, police, etc…)? Est-ce que cette occasion providentielle d’une Pâque sans célébration liturgique me fait souhaiter une plus belle implication aux célébrations sacramentelles de mon Eglise ? Beaucoup de questions nous assaillent ces jours-ci, et j’aimerais vous entendre donner vos réponses bientôt. Car ce sont les réponses que nous donnerons qui transformeront cette épreuve en un passage pour notre société, en une Pâque véritable qui fait sortir d’un moment d’épreuve un surcroît de vie véritable, de vie bonne et juste.

         Le matin de Pâques, certains disciples privilégiés ont rencontré le Christ ressuscité. Pendant toute la Semaine Pascale, la liturgie nous rappelle chacune de ces rencontres si spéciales. Nous pouvons y trouver la relecture de notre propre rencontre avec le Christ Ressuscité par la médiation de la Foi. Et ainsi puiser ces forces nouvelles qu’il nous faut, qu’il nous faudra jusqu’à la fin des temps, pour édifier un monde où la justice soit respectée et vécue entre nous, et en particulier, à l’égard de Dieu.

                   Joyeuses Pâques !

Que le Christ Ressuscité, notre Joie et notre Paix, nous sanctifie tous !

                                                                           P. Xavier +

                                                                  Curé de Miramas et Entressen.

En l’an de grâce, le 4 Avril 2020

Chers Paroissiens,

Nous voici arrivés au seuil de la Semaine Sainte. Sainte elle est, parce-que Jésus la remplit de sa Présence, de ses Paroles et de ses Gestes. Sainte Elle deviendra, si toi et moi, nous Le suivons de près. Or, pour la 1ere fois depuis Hérode (ou un peu moins, nous préciserons les historiens…), nous ne pouvons pas célébrer publiquement la liturgie du triduum de Pâques… Sous les bombes d’Avril 1945, ou celles d’Avril 1916, c’était encore possible. Mais sous les coups furtifs du virus couronné, ce n’est plus possible par défaut de tests et de masques. Honnis soient ceux qui ont mal pensé et préparé cet évènement !

Ce faisant, nous commettons la même erreur que les contemporains de Jésus ; nous cherchons un coupable, un responsable, un bouc émissaire (même sans cornes !). Face à l’aveugle de naissance, Jésus répondait déjà à ce prurit humain ; « ni lui, ni ses parents n’ont péché » (Jn 9, 1-45). Nos actes ne sont pas toujours à la hauteur des conséquences néfastes que nous subissons semble dire Jésus. Bien au contraire, « Il fallait que la gloire de Dieu se manifeste ». Ainsi, Jésus est en train d’affirmer que d’un mal terrible que le bonhomme a souffert pendant des années, Dieu peut tirer un plus grand bien ! Non seulement l’aveugle retrouve la vue, miracle dont la banalité des lunettes aujourd’hui a atténué le sens merveilleux ; mais en plus, (relisez le texte !), il reconnaît Jésus comme l’Envoyé de Dieu. Ainsi, du bien que Jésus fait, naît la découverte du projet de Dieu pour notre humanité ! « Dis-leur: je suis vivant! dit le Seigneur, ce que je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive. Revenez, revenez de votre mauvaise voie ! » (Ez 33, 11)

Cette Semaine sera Sainte si au bout, nous sommes devenus plus saints, si nous sommes revenus de nos erreurs, si nous reconnaissons Dieu présent dans nos vies. Cette Présence à laquelle ouvre l’acte de Foi se nourrit de la présence de Jésus dans l’Eglise. Nous ne pouvons pas rencontrer Jésus en plénitude sans l’aide des sacrements. C’est comme ces « rencontres » que nous développons, en ce temps de confinement, à travers les écrans. Ce n’est pas parce-que je vois et que j’entends la personne à travers l’écran, que sa Présence m’est rendue dans sa totalité. Ainsi, si nous lisions la Sainte Bible chez nous sans jamais l’entendre à l’église, dans l’assemblée des baptisés, sans gestes particuliers, sans chants, ni prières ; nous pourrions avoir une prise de conscience intellectuelle très vive de la présence du Christ dans nos vies, mais ce ne serait pas encore la densité de la Présence du Christ dans l’Eucharistie. Par ailleurs, cette prise de conscience serait toute subjective, alors que le Christ nous ouvre à l’altérité du Père d’abord, et du frère, ensuite.

Mais alors qu’en ce jour nous lisons la totalité de la Passion selon Saint Mathieu, nous découvrons ce que Jésus vient inaugurer, « Prenez, mangez : ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés. Je vous le dis : désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père. ». Par un miracle spirituel que seul l’esprit humain peut comprendre, voici que le repas de Pâque évoquant la libération de l’esclavage du peuple juif, devient un mémorial qui célèbre, montre et réalise, la libération de l’humanité de la mort. Bien plus, le sang versé pour la rémission des péchés, inonde de la Vie de Dieu, la vie humaine. Un peu comme si un arrosoir troué, se remplissait sans cesse d’eau… Ainsi, la vie de l’homme sous l’influence de l’Eucharistie.

Et nous ne pourrons pas célébrer l’Eucharistie ensemble… et de nombreuses grâces se perdront… mais pas toutes ! Il nous revient que cette Semaine Sainte exceptionnelle, devienne une source de grâces spirituelles fécondes. Il ne nous est pas possible de vivre cette semaine avec l’aide de toute la liturgie sacramentelle de l’Eglise, hélas, mais accompagnons notre Seigneur pas à pas, dans un geste d’imitation et de reconnaissance pour l’amour révélé et partagé qui nous rend participants de la Vie de Dieu. « Ne fallait-il pas que le Fils de l’homme souffrit tout cela pour entrer dans sa gloire ? » (Luc 24, 26). A notre tour, de faire de ce mal qui nous confine, une voie pour entrer dans sa gloire. A notre tour de montrer au Seigneur, que de ce mal sortira un plus grand bien ; celui d’une action de grâces plus vive et consciente du Don de Dieu en Jésus-Christ. Et ainsi, ceux qui viendront participer au banquet Pascal chaque Dimanche, nous serons plus attentionnés à correspondre au Don que Dieu nous a fait par l’Eucharistie. Et ceux qui n’auront pas pu faire leur première communion ce Dimanche de Pâques 2020, pourront la faire certainement au jour de Pentecôte, date anniversaire de la naissance de l’Eglise, avec nous tous rassemblés.

En ce début de Semaine Sainte, chers frères et sœurs, ne quittons pas des yeux Jésus-Christ ; Il entre dans le combat de Dieu qui sauve notre humanité de la mort. Il nous sauve et nous donne la possibilité de participer à sa Gloire. Voulez-vous y participer ? En avant !

P. Xavier +

Curé de Miramas et Entressen

En l’an de grâce 2020, le 28 Mars.

Chers Paroissiens,

Combien je comprends Saint Paul en ces jours que nous traversons ! La distance d’avec ses frères et sœurs dans la Foi creuse son souci à leur égard ; que deviennent-ils ? Comment vivent-ils ce confinement ? Prient-ils ? Sont-ils fidèles aux mandements de notre Bon et doux Maitre Jésus ? Que voulez-vous, pour certains, c’est la 1ere fois qu’ils traversent le désert ! Supporteront-ils ? Tel un Saint Paul du 21 eme siècle, (c’est pour vous faire sourire), je prends de nouveau la plume (sic), afin de vous exprimer ce souci que ce temps ne vous trouve affaibli ou ayant chu dans une vie qui ne serait plus éclairée par la Foi.

Le confinement est une obligation aujourd’hui. Mais imaginez que des chrétiens le choisissent parfois, au moins une fois par an. En effet, il existe des retraites d’une semaine, de 15 jours, et aussi de 40 jours ; les fameux « exercices » de Saint Ignace de Loyola. Au séminaire, nous avons deux ou trois retraites chaque année de formation. Période de silence, de prière, d’austères travaux de ménage, de lectures Bibliques ou qui puisent dans le grand trésor de la tradition de sainteté de l’Eglise. Il y a aussi une voix, un émissaire, parfois un prophète, qui fait résonner la Parole de Dieu à heures régulières chaque jour. Et au centre et sommet de chaque jour, ce trésor de la Foi qu’est l’Eucharistie ciselé dans son ostensoir liturgique. Ceux qui ont vécu des retraites savent que c’est un temps favorable de recueillement, de silence, et de rééquilibrage de la vie ordinaire. Nous n’aurions pas choisi en cette période de l’année de nous confiner volontairement. Mais prenons l’occasion comme un moment favorable pour grandir dans la vie spirituelle plus que d’habitude.

Il y a des familles qui sont désormais les uns sur les autres 24h/24h. Ils auront remarqué que nous ne pouvons pas gérer des relations, des bruits ou des sons musicaux, tout le jour. Il faut instituer des moments de silence dans la maison. Le matin, par exemple, pas de musique ni de bruits exagérés. Etude, prière, ménage tranquille. Pareil à partir de 20h30… Chaque famille doit trouver sa règle de vie où chacun a assez de temps pour être seul avec Dieu, en relation avec les autres, travaillant et se formant avec constance et exigence, ou bien au service des autres. Beaucoup plus de personnes que l’on ne croit, continuent de travailler pour que l’eau, l’électricité, les aliments, la santé et la sécurité soient maintenus dans notre société. Les professeurs se sont découvert des talents d’informaticiens pour faire parvenir l’instruction aux jeunes, avec des trésors d’ingéniosité pédagogiques du plus bel aloi. Le travail continue… mais l’activisme dont notre société semblait atteinte, paraît décroître. Il révèle que d’autres réalités existent que le travail, et le besoin de faire de l’argent.

Ce temps peut nous donner d’expérimenter que l’endroit le plus ample, le plus profond, le plus infini que nous possédons, est dans notre âme. Faire l’expérience de la vie intérieure une fois, et plus jamais nous n’aurons peur du silence ou de l’absence d’action. Notre âme peut découvrir dans le silence les pans de notre histoire ancienne et cachée, que notre mémoire porte sans cesse, mais dans lesquelles notre volonté ne puise jamais. Se rappeler… et faire mémoire de ce que nous avons vécu pour en rendre grâce. Voilà, ce que nous faisons chaque dimanche pour la semaine passée. Et s’il était temps de le faire pour le temps plus long de notre vie entière ? Recueillir ainsi ces épisodes heureux de la vie passée, affronter les moments difficiles, déceler la Présence de Dieu en ces temps ; les Lui présenter. Voilà ce qui peut être le sujet de bien des prières. Pour certains, la concentration risque d’être difficile. Permettez-moi de vous dire, que la prière et la contemplation peuvent avoir lieu dans n’importe quel contexte, avec n’importe quelle atmosphère sonore. Saint Jean-Paul II aimait dire du métro Parisien, (qu’il connût lorsqu’il fit son doctorat de théologie à Paris sur Saint Jean de la Croix), que c’était un haut lieu de contemplation. D’expérience, chaque visage peut devenir une épiphanie qui permette la prière et conduise à Dieu. Essayons de prendre deux ou trois petits rendez-vous chaque jour avec Dieu, pour Lui parler, évoquer en toute amitié notre vie de famille, nos soucis, la situation du pays… La régularité habitue le corps à se recueillir chaque fois plus vite. Notons intérieurement ces pensées ou émotions qui nous font du mal ou qui nous apportent la paix. Il faut une discipline de la pensée pour faire advenir dans l’âme, avec justesse et sens du réalisme, la paix véritable. Il est bon de dédramatiser la situation que nous vivons confinés ; il n’est pas bon de vouloir tout contrôler comme d’habitude. Il est bon de laisser vivre en prenant soin de se contrôler soi-même. Les choses que nous devons faire, faisons-les avec le sens du détail ; mieux, plus attentivement, avec ces kilos d’amour qui font la différence entre un plat industriel et un plat de maison ! Prenez le temps de regarder les pois chiches, les petits pois, les salsifis… et même les pâtes ! Vous découvrirez des choses que vous n’aviez pas remarqué auparavant… et nous prendrons le temps d’en parler aux retrouvailles de fin de pandémie ! Lorsque nous restons longtemps au même endroit, avec les mêmes personnes, les conversations, les images, ou les sons, restent plus longtemps dans notre mémoire vive. Veillons à ne pas trop insister sur les conversations douloureuses ou difficiles. Il n’est pas bon de rester écouter les informations deux ou trois fois par jour lorsqu’elles sont anxiogènes. Quelqu’un de votre entourage risque d’en porter les conséquences… Une façon de se défaire des émotions négatives passe par le fait de chanter ou danser. Veillez à le faire avant 22h30 quand même… Sachez que je peux, moi, le faire dans l’église silencieuse, le soir devant la statue de Notre Dame. Je lui chante le Salve Regina et vous porte ainsi chaque soir dans la prière de l’Eglise. Bientôt nous pourrons le faire ensemble, mais ce sera après Pâques vraisemblablement. Que Dieu vous accorde sa Paix !

P. Xavier +
Curé de Miramas et Entressen.

 

En l’an de grâce 2020, le 21 Mars. (Dimanche 22 mars)

Chers paroissiens,
Ce Dimanche encore, nous ne pourrons nous rassembler. Ce mot pourrait remplacer un peu l’homélie…
Le manque de l’Eucharistie est perçu parfois jusqu’à l’Infini, tant il est vrai que le Corps du Christ
nous donne Celui qui est Amour Infini. Mais hélas !, les chrétiens n’ont pas attendu cette crise
sanitaire pour être confrontés à ce manque ; nous avons des siècles de fidélité chrétienne au-dessus
de nous, à travers les guerres, les persécutions, les pestes, les tremblements de terre, les révolutions
politiques, etc…

L’Eglise nous a toujours appris ainsi, que lorsque le désir de Dieu est grand, lorsque le cœur contrit
s’approche de Dieu, Dieu trouve des moyens spirituels pour rejoindre l’âme bien disposée. C’était le
cas des Romains non-baptisés qui mouraient en témoignant de leur Foi en Jésus-Christ. Leur baptême de
désir et de sang, les a rendus aussi chrétiens que les autres baptisés dans l’eau. En effet, comment
l’unique sanctificateur, l’Esprit-Saint, manquerait à Celui qui lui voue son cœur et sa vie ?
« L’Église a toujours distingué dans les sacrements le sacramentum, c’est-à-dire le signe, et la res
sacramenti, c’est-à-dire la réalité que porte le sacrement. On peut dire que si les sacrements sont le
moyen voulu par Dieu pour donner sa grâce aux hommes, Dieu peut aussi, pour le plus grand bien des âmes,
donner sa grâce en dehors des sacrements. La différence entre la communion sacramentelle et la
communion spirituelle est que dans cette dernière le signe sacramentel n’est pas posé mais la grâce du
sacrement est accordée par Dieu. Le désir atteint la réalité sans passer par le signe » explique
Mgr. Centène. Ainsi, le désir de communier apporte sous un mode non-sacramentel, la réalité spirituelle
du Corps du Christ.

Cela est aussi possible pour le sacrement de Réconciliation en une situation de danger. L’Eglise nous
apprend à confier nos péchés à Dieu en cherchant la pleine contrition. « Il faut passer plus de temps
à pleurer ses péchés, qu’à les dire au prêtre » disait le Curé d’Ars. Et cela dans l’attente du moment,
où tout danger étant évanoui, nous pourrons les confesser à un prêtre qui nous assurera de vive voix du
Pardon de Dieu.

La logique de tout cela peut se comprendre ainsi ; Dieu a choisi des moyens pour se transmettre au
monde (le Peuple Juif, les Patriarches, les Prophètes, enfin, Jésus-Christ et l’Eglise), mais Il n’est
limité par aucun moyen. Pour prendre une image limitée ; l’Eglise nous montre l’autoroute pour
atteindre Dieu. Elle nous montre aussi certaines routes nationales, comme autant de métaphores des
voies spirituelles ouvertes par les grands saints (les Franciscains, les Bénédictins, les Jésuites,
etc…). Mais il existe aussi des petits chemins qui ont permis certains de rejoindre Dieu. C’est ce
chemin personnel et communautaire que nous devons tracer spirituellement, alors que personne parmi
nous n’en a l’expérience. L’évêque nous y conduit, et moi-même, votre curé, je le suis.

Au début du carême, nous avons entendu le récit des tentations au désert que le Christ a
vécu (Mt 4, 1-11). Vous, comme moi, nous avons certainement déjà succombé à l’une ou l’autre de ces
tentations au cours des derniers jours. La peur de manquer de quoi que ce soit se trouve dans la 1ere
tentation. La peur de souffrir et de perdre la santé, se trouve dans la 2eme. La peur de ne pas être
reconnu personnellement, d’être humilié ; c’est la 3eme. Il est bon de prendre soin de sa vie, de ne
pas tomber malade, et de compter pour quelqu’un. Mais, jusqu’où ? Le Christ a considéré tout cela
comme balayure à côté de la confiance en Dieu. Par cette confiance dont nous savons l’héroïsme le jour
de sa Passion, Jésus ré-ordonne les priorités de l’être humain qui s’est détourné de Dieu en Adam et
Eve. Or, la méfiance envers Dieu a provoqué l’arrivée de l’injustice et de ses violences. La confiance
de Jésus, elle, a ouvert les portes du Salut le jour de Pâques. La foi en Jésus-Christ du coup, est
celle qui ouvre pour chacun la porte de son salut.

Il est des hommes qui répondent comme le centurion de l’Evangile d’un cœur simple ; « Dis
seulement une parole Seigneur et je serais guéri » Mt 8, 25. Ou d’autres comme le père de l’enfant
épileptique qui supplient « Je crois ! Viens au secours de mon manque de Foi » Mc 9, 24-25. Comme
nous sommes en période de Carême et de désert, il est bon de purifier notre cœur de « vieux ferments »
afin que le Seigneur dispose de nouvelles « levures » qui feront grandir notre foi. Comme toujours,
regardons Jésus. Son appui face à la tentation est la Parole de Dieu. La Parole de Dieu reçue,
transmise et comprise dans son peuple Juif. Ce temps de désert, (par ordre du gouvernement), est le
moment favorable pour chercher dans notre lecture quotidienne de la Parole de Dieu, ces phrases et
ces explications qui affermiront notre marche sur le Chemin de la Foi. Chers frères et sœurs, j’insiste
compte tenu de son importance ; nous devons lire et comprendre la Parole de Dieu.

C’est l’Esprit-Saint qui unifie en nous d’un côté, ce que nous comprenons avec notre intelligence
et de l’autre, ce que nous sommes appelés à vivre avec notre cœur et nos actes. Voilà pourquoi, on ne
peut étudier la Parole de Dieu sans un esprit de prière soutenu. Si en trois semaines, nous pouvions
prendre l’habitude de prier 30 minutes chaque jour et que nous maintenions cette bonne habitude ; les
malheurs de notre temps auraient au moins servi à nous sanctifier durablement… Car notre société aura
plus que jamais besoin d’hommes et de femmes intègres dans leur Foi et soucieux de la vivre au service
du plus grand nombre !

Le temps que nous vivons me semblait résumé dans la lecture liturgique du livre de Daniel le
mardi 18 mars dernier (Dn 3, 25 sv…) « Or nous voici, ô Maître, le moins nombreux de tous les peuples,
humiliés aujourd’hui sur toute la terre, à cause de nos péchés. Il n’est plus, en ce temps, ni prince
ni chef ni prophète, plus d’holocauste ni de sacrifice, plus d’oblation ni d’offrande d’encens, plus
de lieu où t’offrir nos prémices pour obtenir ta miséricorde. Mais, avec nos cœurs brisés, nos esprits
humiliés, reçois-nous, comme un holocauste de béliers, de taureaux, d’agneaux gras par milliers. Que
notre sacrifice, en ce jour, trouve grâce devant toi, car il n’est pas de honte pour qui espère en toi.
Et maintenant, de tout cœur, nous te suivons, nous te craignons et nous cherchons ta face. Ne nous
laisse pas dans la honte, agis envers nous selon ton indulgence et l’abondance de ta miséricorde.
Délivre-nous en renouvelant tes merveilles, glorifie ton nom, Seigneur. » Le mot « merveilles »
résonne durablement dans l’histoire de l’Eglise. A commencer par le chant du Magnificat de Notre Dame,
la Vierge Marie. « Le seigneur fit pour moi des merveilles ». Saint Grégoire de Tours (qui vécut à
Cavaillon au VIeme siècle, vers 530 ap J-C), racontait les merveilles de Dieu pour les francs. Il
évoquait l’histoire de la sainteté à l’œuvre dans ce petit territoire dans lequel nous habitons ; la
France. Puissions-nous dans quelques mois chanter également les « merveilles » que Dieu accomplit en
nous et autour de nous quoique le mal semble actuellement déchainé ! Comme la Parole de Dieu est notre
soutien et notre boussole en tout temps, permettez que je vous quitte en vous laissant parcourir les
premières paroles de l’épître de Saint Jacques, premier évêque de Jérusalem après la Pentecôte.

« Moi, Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus Christ, je vous salue joyeusement, vous qui
appartenez aux douze tribus d’Israël dispersées dans le monde. Mes frères, quand vous butez sur toute
sorte d’épreuves, pensez que c’est une grande joie. Car l’épreuve, qui vérifie la qualité de votre foi,
produit en vous la persévérance, et la persévérance doit vous amener à une conduite parfaite; ainsi
vous serez vraiment parfaits, il ne vous manquera rien.
Mais s’il manque à l’un de vous la sagesse, qu’il la demande à Dieu: lui qui donne à tous avec
simplicité et sans faire de reproches, il la lui donnera. Mais qu’il demande avec foi, sans la moindre
hésitation, car celui qui hésite est semblable au va-et-vient des flots de la mer agités par le vent.
Qu’il ne s’imagine pas, cet homme-là, qu’il recevra du Seigneur quoi que ce soit, s’il est partagé,
instable dans tout ce qu’il fait. Parmi les frères, l’homme de basse condition pourra s’enorgueillir
de ce que Dieu l’élève, et le riche de ce que Dieu l’abaisse, car il passera comme l’herbe en fleur.
Quand le soleil est monté, avec sa chaleur brûlante, l’herbe a séché, sa fleur est tombée, et l’éclat
de sa beauté s’en est allé; ainsi le riche se flétrira avec toutes ses entreprises. »

Que Dieu vous garde dans sa Paix, avec l’assurance de ma prière fidèle et de ma bénédiction pour vos
familles et tous vos proches,

P. Xavier +

Curé de Miramas et Entressen.